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ÉDITIONS TANIBIS

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LES BELLES LETTRES

Safari lune de miel, par Jesse Jacobs

Aujourd'hui en librairie :

Safari lune de miel

La nature, surtout dans sa version forêt vierge, n'est pas précisément un terrain de jeux lumineux et accueillant. C'est au premier abord, pour les héros citadins de Safari lune de miel et leur guide aguerri, un repaire grouillant de créatures hostiles et de plantes toxiques que les brochures touristiques oublient en général de mentionner : araignées cyclopes, mille-pattes géants, anémones de terre, singes télépathes et autres insectes intrusifs. Même les paysages traversés par notre couple d'amoureux et leur guide sont déroutants, avec leurs anomalies spatio-temporelles ou leur construction digne d'un géomètre maniaque fan de M. C. Escher.

Les aventures qui attendent nos personnages, entre action bien virile et séquences hallucinatoires, sont prétextes à décrire en une élégante trichromie verte une nature fantasmagorique qui se révélera être bien plus qu'un simple décor. Pour compléter cette description, ou alors pour égarer encore plus le lecteur dans sa bande dessinée comme ses personnages dans la forêt, Jesse Jacobs a entrecoupé son récit de planches taxinomiques, de gags muets mettant en scène la vie quotidienne du bestiaire et de mystérieux vers déclamés par un arbre poète, ouverts à la libre interprétation du lecteur.

Face à cet environnement déroutant, chaque membre du trio d'explorateurs-touristes réagira à sa façon, évoluant vers une acceptation mystique tendance new age ou au contraire campant sur ses positions de citadin exigeant. Jardin d'enfant, Jardin d'Eden ou monstrueux Jardin des Délices boschien, chacun verra la nature avec des yeux nouveaux. Et les caractères des différents personnages soumis à l'influence de la forêt se révéleront plus complexes qu'il n'y paraissait.

Ici comme dans …et tu connaîtras l'univers et les Dieux, la précédente fable cosmogonique de Jesse Jacobs, l'univers n'est ni entièrement hostile ni entièrement bon. Tout est lutte entre des principes opposés : Ablavar et Zantek, le bien et le mal, le vénéneux et le comestible ou encore le parasite qui s'introduit par l'oreille et celui qui s'introduit par l'anus.

Safari lune de miel

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Sept questions à L.L. de Mars

La différence entre un philosophe et un bout de bois avec des moustaches

Sept questions à L.L. de Mars à l'occasion de l'édition de l'intégrale de ses Pingouins, disponible ces jours-ci dans toutes les bonnes librairies.

Pingouins, par L.L. de Mars

Le moins qu'on puisse dire est que ton travail a énormément évolué depuis cette série de pingouins, dessinée nous-semble-t-il à la fin des années 90. Quel regard portes-tu sur eux aujourd'hui ?

L.L. de Mars : Comme celui que je porte sur tout mon travail passé, qu'il soit du mois dernier ou qu'il ait quinze ans, tu sais : il constitue, sans que j'aie à chercher à lui donner une position hiérarchique, un moment, participant d'un grand mouvement plus général. Je ne sais pas plus par où il s'assemble à Betty, par où son écriture a été nécessaire pour rendre possible Prières, que je ne sais par où mes lectures de jeunesse ont ouvert mes lectures d'homme mûr ; mais je sais que c'est, au bout du compte, un des sillons que je me suis tracé — peu importe qu'il soit conscient ou non — pour aller de tel point à un autre.

Quand bien même je n'aurais dessiné ça que pour y échapper ensuite, ce serait déjà un passage. Les imperfections sont des notions floues, transitoires, dont il vaut mieux ne pas s'encombrer. Quand aux formes d'humour que j'y développais, elle sont encore très proches de certains aspects de mon travail actuel.

Pingouins, par L.L. de Mars

Tu mets en scène une banquise peuplée de pingouins, mais on n'a pas l'impression que tu es mû par un grand intérêt pour l'ornithologie. C'est manifestement la comédie humaine que tu croques… Te rappelles-tu comment t'es venue l'idée de transposer la société des hommes chez les alcidés ?

L.L. de M. : Par urgence ; un grand espace vide pour décor, pas de couleurs à mobiliser pour les personnages. Je faisais ça pour dérider une amie qui sombrait dans une grave dépression et je devais aller thérapeutiquement très vite pour précéder la pendaison de trois ou quatre longueurs. Il faut croire que cette paresse du dessin est contagieuse : quelques années plus tard, d'autres types sans imagination se sont mis à dessiner des pingouins dans les pages mêmes du magazine où elles avaient été publiées (Spirou). Comme il n'y avait plus rien à simplifier du dessin, mes suiveurs ont simplifié l'humour pour l'adapter à la compréhension d'un singe habillé. « Ils volent de nos propres ailes » disait Degas de ce genre de zozos.

Pingouins, par L.L. de Mars

Le sous-titre « une sorte d'intégrale mais qui sait ce que nous réserve l'avenir » présage-t-il d'une possible reprise ?

L.L. de M. : Je me méfie par principe de toute déclaration d'auteur affirmant qu'il ne refera plus tel ou tel truc. Le plus inconstant des auteurs que je connaisse étant moi-même, je me méfie d'autant plus.

Pingouins, par L.L. de Mars

Continues-tu le dessin d'humour, parallèlement à la bande dessinée ?

L.L. de M. : Je ne sais pas si ce que je dessine pour la presse d'extrême gauche est drôle ou pas (c'est souvent assez triste, quand même, et les sujets que ça accompagne sont généralement glauques et violents), mais disons que ce serait ça, aujourd'hui, l'endroit où je continue à exercer ce genre de dessin. Mais je ne crois pas avoir fait un seul album duquel l'humour soit absent, c'est assez central dans ma façon de conduire un récit, même le plus grave. C'est important comme mouvement intérieur à toute formulation. Ça n'a pas besoin d'être démonstratif (rien à voir avec l'injonction connarde à faire marrer qui s'établit en règle dans la production de bande dessinée). Ça a besoin d'être là. De dessiner le périmètre. Je me méfie de la gravité qui ne se trouve pas elle-même ridicule, comme je méprise tout esprit qui pontifie ses gammes techniques avec le plus grand sérieux ; c'est tout ce qui fait la différence entre un philosophe (Deleuze) et un bout de bois avec des moustaches (Heidegger). C'est valable dans l'autre sens : j'ai une horreur absolue de la bd dont le labeur est de faire marrer, de faire mouche, de fabriquer de la congrégation de rieurs. Sale métier, franchement.

Pingouins, par L.L. de Mars

Par quel étrange concours de circonstances des planches de bande dessinée mettant en scène les pingouins se sont-ils retrouvés dans Spirou et l'Écho des savanes, presque 10 ans après la première série de dessins ?

L.L. de M. : Dans Spirou, il y en a eu très tôt (les planches en couleurs, c'était en fait un retour tardif dans le magazine, juste pour complaire à mon nigaud de fils dont les copains de classe ne croyaient pas que son père faisait vraiment de la bd. Les copains ont pu voir et moi j'ai pu retourner à des travaux moins futiles) ; au départ, un gars de Spirou était passé à Saint-Malo au festival, l'année-même de la première publication chez [Treize étrange]. Il m'avait demandé des pages pour une rubrique dont j'oublie le nom (je ne suis pas lecteur, je ne l'ai jamais été). Quelques semaines de suite, ils ont passé les rares planches supposément intelligibles par un lecteur de Spirou (ce qui est une erreur, bien entendu ; si vous faites lire à un enfant seulement ce que vous imaginez qu'il peut comprendre, non seulement vous manquez d'imagination, mais ça l'empêche, lui, de comprendre autre chose que ce que vous lui assignez. Voilà donc une prophétie auto-réalisée). Pour l'Écho, c'est une autre histoire, bien qu'elle y soit liée : parce qu'une planche publiée dans Spirou (celle avec les frigos) avait été lue et appréciée par Hervé Desinge, il m'avait fait appeler chez moi pour m'inviter à bosser pour l'Écho (bon sang qui lui a filé mon numéro ? Je suis sur liste rouge, bordel !). J'ai fait part de mon étonnement en apprenant que ça existait encore. On m'a dit que oui, ça existait, et que ce serait bien que je rencontre Desinge pour causer. J'étais perplexe sur le sens de tout ça, trop fauché pour aller à Paris, pas vraiment désireux de continuer à dessiner ce genre de conneries. Je reçus un billet de train par la poste et me retrouvai dans un resto du quartier de Montparnasse à causer de tout ça. Le canard aux myrtilles était bien, la garniture riche. Ça m'a un peu endormi. Je me disais connement que je pouvais bien faire trois pingouins et que j'aurais pu placer des planches moins légères. Ah ah. Bon.

Comme ça tombait à un moment où de toute façon ma propre famille éditoriale me crachait à la gueule, que les Requins Marteaux venaient juste de me demander de ne même plus leur envoyer de manuscrits, que je trimballais trois livres finis dont personne ne voulait (dont le Betty qui nous a réunis toi et moi), à ce moment-là, je me foutais à peu près complètement de tout et je m'apprêtais surtout à arrêter de faire des bandes dessinées. Alors pourquoi pas bricoler pour l'Écho ou n'importe quelle autre crèmerie ? Bon, quelques mois après, l'Écho mourait (j'ai l'habitude d'entraîner un certain nombre d'éditeurs dans ma chute, tu es prévenu), ce qui acheva notre collaboration. Du coup, j'ai d'autres planches finies, avec d'autres bestioles ; ce n'était pas censé constituer une série autour des pingouins, mais plus généralement une série animalière écologiste. Enfin… écologiste pour lecteurs de l'Écho… Ce serait un peu comme une série marxiste pour lecteur de Aaarg!.

Pingouins, par L.L. de Mars

Pourquoi appelles-tu ces bestioles des pingouins alors que ce sont des manchots ?

L.L. de M. : Ce sont des minchouins.

Alexis Kauffmann explique dans sa préface comment tes Pingouins ont été réutilisés par le réseau framasoft. Quels sont tes liens avec la communauté libriste ? Continues-tu à placer tes travaux sous licence copyleft ?

L.L. de M. : je suis lié à la communauté libriste depuis les balbutiements de la L.A.L (la License Art Libre) ; je débarque environ un an après la création de Copyleft Attitude et rencontre Antoine Moreau et les autres oiseaux. Le plus simple, pour comprendre ces liens et pourquoi je continue, régulièrement, à mettre mon travail sous Copyleft, est encore de regarder la video de cette conférence aux Rencontres mondiales du Logiciel Libre de Bruxelles. J'y dis quelques conneries, sans aucun doute, mais peut-être pas seulement.

Pingouins, par L.L. de Mars

Paul Kirchner's Strange Trip

Comment, la soixantaine passée, un bon père de famille peut-il se retrouver traqué dans des ruines incas, un sac plein d'herbe à la main et un squelette cowboy à ses côtés ?

Paul Kirchner retrace son étrange parcours dans une bande dessinée de 4 pages réalisée à la demande du quotidien américain le Boston Globe pour son numéro annuel spécial Baby Boomers.

Strange Trip, par Paul Kirchner

On y apprend que l'auteur à récemment réalisé 48 nouveaux strips de the bus. À paraître en novembre chez Tanibis !

Cinq questions à Mehdi Melkhi

Cinq questions à Mehdi Melkhi, auteur de Qu'est-ce qui arrive ?, disponible ces jours-ci dans toutes les bonnes librairies.

Mehdi Melkhi, autoportrait

Qu'est-ce qui arrive ? est-il ton premier livre ? Quel âge as-tu ?

Mehdi Melkhi : 37 ans, né à Argentan, premier livre, premières approches de la bande dessinée (timidement, ce qui explique la composition sommaire, en grandes images).

Que faisais-tu avant ?

M.M. : J'ai une autre vie, un autre métier, mais je préfère ne pas mélanger mes deux activités pour faire le mieux possible les deux sans qu'on me soupçonne d'en négliger une au profit de l'autre (ce qui est faux).

Qu'est-ce qui t'as poussé à choisir la bande dessinée comment moyen d'expression ?

M.M. : Parler de choses difficiles simplement, en essayant de trouver un mode adapté autant aux enfants qu'aux adultes, des récits pour toutes sortes de lecteurs, même des lecteurs qui ne lisent pas de bande dessinée.

Ce récit comporte-t-il une dimension autobiographique ?

M.M. : Je préfère en parler autrement, comme d'une histoire qui est l'autobiographie de tout le monde

Quels sont tes projets ?

M.M. : Un livre sur l'histoire des minorités (le sens général de ce que veut dire une position minoritaire) et un livre sur la gentrification (un livre animalier sur la transformation de Barbès, même si les endroits ne sont jamais nommés)

Qu'est-ce qui arrive / extraits

Qu'est-ce qui arrive ?, par Mehdi Melkhi, en librairies ces jours-ci.

Qu'est-ce qui arrive

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Les chiens aboient, le Starfinder passe

Le gratin de la critique BD s'enflamme sur EGG, quelques jours à peine après sa sortie en librairies. Zak Thunder garde la tête froide.

EGG, revue de presse

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