Ces jours-ci, en librairies, enfin : Comment Betty vint au monde, par L.L. de Mars.

Comment Betty vint au monde

L'Enfance est un proverbe d'adultes ; les enfants passent leurs premières années de vie dans cette étrange atmosphère adulte au cours de laquelle ils entendront tous les jours louer la magie de l'Enfance sans qu'à un moment il ne semblent y être pris eux-même : à eux, en effet, on ne manquera jamais de rappeler qu'il faut être raisonnable. Adulte, l'injonction contradictoire poursuit sa vilaine mue sous la molle forme du Janus bourgeois, le papillon qui ne décolle jamais : pince-mi chante l'âme bienheureuse des enfants qu'il faut savoir garder toute sa vie, pince-moi désapprouve toute activité qui ne prenne pas en considération vertueuse la dure réalité de la vie.

Comment Betty vint au monde

La dure réalité de la vie est l'autre nom du double-bind dans lequel sont éduqués tous les enfants occidentaux à qui on apprendra aussi vite à prendre des crayons de couleurs qu'on leur apprendra à s'en débarrasser en dehors des heures de hobby.
Le hobby est la seule forme d'enfance tolérée dans notre monde de mort.

Comment Betty vint au monde

Betty est une petite fille que la raison adulte n'impressionne pas : elle fait durer quelque chose de déraisonnable un peu trop longtemps ; Betty travaille à sortir sa vie du proverbe où on la tient. Elle découvre que l'art peut être l'affirmation la plus puissante de la vie ; ce récit s'achève par la mort de Betty parce que dans un récit la mort n'est qu'une convention signifiant qu'on a clôt une première lecture. D'innombrables autres chapitres peuvent naître de chaque page, dans une autre direction. Un livre est le centre d'un infini concentrique.

Comment Betty vint au monde

Le hobby est la seule forme d'enfance tolérée dans notre monde de mort.

Comment Betty vint au monde

La limite de lisibilité du livre, de déchiffrabilité, a été placée en deçà de ses contours habituels pour freiner le mouvement de la lecture, pour ralentir celui des yeux, pour les tenir fixés un peu plus longtemps sur la page. Juste ce qu'il faut de contrainte pour commencer à voir que le dessin raconte tout ce que le texte serait impuissant à raconter.

Comment Betty vint au monde

« Tout au long de l’album, L.L. de Mars fait penser à un funambule qui ne se satisferait plus de cordes de plus en plus étroites sur des hauteurs de plus en plus élevées et qui, pour s’éprouver toujours davantage, chercherait sans cesse volontairement le déséquilibre que chaque fois, toujours presque trop tard, il réussirait à secourir, se sauvant d’une mort certaine, pour la plus grande frayeur de son lecteur, un jeu terriblement dangereux, soutenu par un texte admirable de poésie, de drôlerie et d’intelligence, qui ressemble à ses voyages dans des destinations inconnues. Ou à la prise d’une drogue hallucinogène et dangereuse. »
Philippe De Jonckheere, Le Portillon.

Comment Betty vint au monde

Comment Betty vint au monde, couverture

(Clic pour plus d'infos)